Sicile, 1875. Tout commence et tout finit par les flammes qui ravagent le nouveau théâtre de Vigàta, occasion rêvée pour un ingénieur germanique de tester grandeur nature sa machine à éteindre les incendies. Entre les deux, on revient en arrière pour se heurter à l'entêtement du préfet Bortuzzi qui s'obstine, contre le gré des habitants de la petite ville, à vouloir faire donner un obscur opéra pour l'inauguration de ce fameux théâtre :Le Brasseur de Preston. Les Vigatais ne l'entendent pas du tout, mais alors pas du tout de cette oreille... Ce n'est pas un représentant de l'État, Milanais de surcroît, qui va faire la pluie et le beau temps chez eux. Cette situation a priori anecdotique va déchaîner les passions, les manipulations, les pressions de tout poil dans cette petite société si prompte à s'enflammer. Dans tous les sens du terme...Encore un excellent "historique" de Camilleri, comme l'étaient déjà et entre autresLa Saison de la chasseetLa Concession du téléphone, eux aussi situés à Vigatà. Le créateur du célèbre inspecteur contemporain Montalbano était une fois de plus en grande forme lorsqu'il a écrit ce texte jubilatoire. Le drame et le burlesque se font la nique pour dépeindre dans un grand délire cette Sicile unique et ses excès en tous genres. Les personnages, parfois grossiers jamais vulgaires, sont de vraies allégories sans les travers de la caricature. Les dialogues sont le plus souvent hilarants, les situations ubuesques, dans le crime comme dans les joies de la chair. L'écriture, en mêlant allègrement l'Italien et le dialecte local (encore une vraie performance de traduction de Serge Quadruppani) permet une forte identification du lecteur. Un excellent roman qui s'achève avec un joli clin d'œil : Camilleri parvient à faire rire même avec... la table des matières !--Bruno Ménard
4e de couverture
Quatrième de couverture
Vers 1875, à Vigata, en Sicile, pour l'inauguration du nouveau théâtre, le préfet dresse contre lui tous les habitants en imposant la représentation d'un obscur opéra, Le Brasseur de Preston. Son obstination de Milanais, et sa qualité de représentant d'un État totalement étranger aux déraisons siciliennes, mettent en branle un enchaînement de passions publiques et privées qui aboutit d'abord au fiasco cataclysmique du spectacle, puis à l'incendie du théâtre. Des personnages hauts en couleur construisent cette histoire riche en mystères et où l'on s'achemine, à travers les orgies du rire et les injustices sociales, d'explosions érotiques en égorgements, vers une fin à l'image d'une Sicile où la farce, inlassablement, s'accouple à la tragédie.
"Camilleri trace son propre sillon dans un genre que Sciascia a porté à des sommets : le récit historique à trame policière, bâti à partir d'un fait divers ayant laissé dans les archives une trace, souvent ténue, énigmatique, mais toujours assez forte pour donner son essor à l'imagination."
M. Abescat. Le Monde
L'Opéra de Vigata a reçu le Prix du livre insulaire d'Ouessant